Place Pie, s’élevait depuis le XIIe siècle l’imposante et magnifique commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Une municipalité iconoclaste la rasa en 1898 n’en gardant que la tour. Son souvenir se perpétue par le quartier Saint-Jean, la rue Saint-Jean-le-Vieux et quatre statues de Saint-Jean Baptiste. Suivons dans l’anonymat des rues -ces déserts d’aujourd’hui, ce vagabond qui vivait au désert, vêtu de peau de chameau, nourri de sauterelles qui annonçait à tous vents la venue du Messie. Au 17 rue St-Jean-le-Vieux, le voici grandeur nature, vêtu de peau de chameau, l’agneau mystique à ses pieds, bel homme un peu penché, sa main aujourd’hui disparue versant, j’aime à le croire, l’eau du baptême du Christ. Au carrefour St-Jean/Carnot, sous un blason « À St Jean », l’agneau dans les bras, il se tient trop bien peigné raide et compassé par l’art Sulpicien. Au 16 rue Carnot, athlète grandeur nature, cheveux au vent, vêtu d’un pagne, le doigt pointé, la « Voix qui crie dans le désert » proclame la venue du Messie. Suivons son doigt… fin de la rue Banasterie, la splendide façade baroque de la chapelle des Pénitents noirs étale une immense « gloire » dont les rayons de pierre entourent deux angelots tenant le plat d’argent présentant la tête du Baptiste, réclamée par Hérodiade à Hérode ébloui par la danse de Salomé. La Voix vient de se taire et nous interpelle toujours.
François-Marie Legoeuil