Ce prieuré, site exceptionnel répertorié à la Fédération européenne des sites clunisiens, remonte à l’an mil, quand cette colline - en provençal puy, puech ou pio, d’où son nom - fut remise à l’Abbé Odilon de Cluny, alors en pleine expansion européenne avec plus de 1400 établissements… 400 ans plus tard, le Pape d’Avignon Clément VII déclara l’union perpétuelle de Piolenc au collège clunisien de Saint-Martial d’Avignon, mariage qui durera jusqu’à la Révolution… Les ravages révolutionnaires marqueront la fin de la splendeur intérieure de l’église, les extérieurs conservant toute leur majesté et leur puissance.
Depuis la place Saint-Pierre, le clocher donjon du prieuré vous domine de son impressionnante et massive hauteur, une raide volée de marches menant à son portail. Prenez le chemin à gauche, qui vous fera faire le tour de cet amoncellement de bâtiments à pic et de chapelles. C’est un véritable village, que ce prieuré enfermé dans ses murailles circulaires. Une jolie terrasse à mi-hauteur : tout ce qui reste de l’ancien cimetière seulement rappelé par la dalle funéraire d’un Abbé… Le très élégant petit clocher-mur des Pénitents - hélas transformés en salle des fêtes -
puis le Passage des Pénitents, vous feront revenir sur la place Saint-Pierre dominée à droite par l’ancienne, vaste et austère façade du prieuré du XVIIe. Si par chance, la porte de Saint-Pierre est ouverte, montez-y pour vous recueillir dans un espace qui vous paraîtra restreint par rapport à l’extérieur, les murs, les piliers massifs, les voûtes épaisses, remplissant l’espace.
Une pensée ou une prière pour les centaines de pieuses générations de moines et de fidèles qui vous y ont précédés. Flânez un peu dans les rues et ruelles aux noms évocateurs de son histoire religieuse : Pénitents, Chartreux, Vierge Marie, Saint-Joseph, Saint-Pierre, de la Cure… vous traversez un décor que nous avons connu dans notre enfance avant la rénovation des centres-ville : très XIXe, mais dont beaucoup de bâtiments montrent encore un moyen-âge tout proche avec leurs porches agricoles, leurs meneaux bouchés, leurs tours arasées, leurs murailles fanées, leurs muriers centenaires.
S’il vous reste un peu de temps, promenez-vous à l’ombre des platanes du Cours du Général Corsin, promenade et fontaine offertes par cet enfant du pays dont le buste de bronze constellé de médailles vous y accueillera. Oui, cette « colline inspirée » mérite bien sa place parmi les sites clunisiens.
François-Marie Legoeuil