Raoul Le Glabre, moine de l’An Mil raconte : « C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d’un blanc manteau d’églises. » Mille ans passèrent, le XIXe siècle répara les immenses destructions de la Révolution en semant, par centaines, églises et chapelles sur notre hexagone. Trop gâtés par nos trésors historiques plus anciens, nous dédaignons ces constructions néo-romanes, néo-gothiques, néo-byzantines… qui se dégradent souvent dans l’indifférence. Découvrez-les avec affection : nos pères les ont élevées.
Voici trois exemples charmants dans notre diocèse, toutes trois cajolées et soigneusement entretenues par leurs curés, leurs paroissiens, leurs associations et leurs municipalités :
À Camaret, la chapelle Saint-Cœur-de-Marie élève au bout d’une allée de platanes sa façade élancée, élégante, blanche et ocre, son portail de pierre blonde, son fronton triangulaire supportant un mince clocheton légèrement galbé abritant sa cloche de bronze. Son dallage de marbre chante les vertus de Marie-Adélaïde Reboul, bienfaitrice du village. Née sous Louis XVI, elle la construisit en 1830 et y fut enterrée en 1860.
À deux lieues de là, à Sérignan, vous attend Notre-Dame de la Tour, petite, charmante dans sa modestie, elle veille un peu raide sur un carrefour entre deux grosses touffes d’Ifs, de cyprès et de pins, menacés hélas ! d’élagage…
Vous aimez la simplicité, un brin de sévérité, une élégance tout aristocratique ? Vous trouverez tout cela chez Notre-Dame de Consolation à la sortie de Sainte-Cécile-les-Vignes sur la route de Cairanne, enfouie dans un ravissant bosquet de pins et d’ifs donnant sur un océan de vignes borné à l’horizon par le Ventoux et les Dentelles de Montmirail. Elle fut reconstruite en 1858 sur les ruines d’une chapelle votive érigée lors de la pandémie de peste de 1624 grâce aux dons d’un rescapé… singulier rappel à notre temps de confinement et de pandémie ?
Ces trois chapelles sont toujours ouvertes au culte, les deux premières mensuellement, la dernière pour la Nativité de la Vierge.
Elles témoignent de la foi toujours vivante du peuple qui les ont érigées et qui s’y rende aux offices. Elles ont besoin de votre présence : les bulletins paroissiaux vous donneront les horaires.
François-Marie Legœuil